Source : http://www.univ-lehavre.fr/cybernat/pages/foremont.htm
Depuis mon retour sur au Havre j’ai du à nouveau partir à la quête de nouveau spot d’entraînement pas trop loin de la maison. Force est de constater que la forêt de Montgeon est une bonne surprise. A 5 minutes de twingo voilà un coin de nature parfait pour mes sorties courtes trail. Du tout terrain varié, parfois technique (sur des portions assez courtes tout de même) quelques montées et descentes… Bref ça le fait. Ok ce n’est pas la forêt de Fontainebleau, 40 minutes me suffisent à en faire le tour mais bon c’est mieux que rien.
Allez en prime, pour les plus courageux, une p’tite touche de culture générale…
Véritable "poumon vert" de la cité havraise, la Forêt de Montgeon est aussi le rendez-vous des promeneurs, des familles, des sportifs et des cueilleurs de champignons. Avant d'être ce qu'elle est aujourd'hui, elle a subi bien des avatars et son histoire est riche en événements.
HISTORIQUE
Des fouilles archéologiques ont apporté les preuves d'occupation aux époques néolithique (découverte d' "ateliers de piochonnage") et gallo-romaine (statuette). Au XI ème siècle, elle est une "forêt seigneuriale" et au XIIIème siècle un cartuaire l'indique sous le nom de "Forêt des Hallates". Beaucoup plus étendue qu'à l'heure actuelle, elle reliait Graville à St Romain de Colbosc. En 1771, Louis XV en fait l'acquisition et elle devient "forêt royale", puis à la révolution, elle est intégrée au "domaine national". Le gouvernement la met en vente en 1816 et c'est le comte Cavelier de Montgeon qui en devient le nouveau propriétaire : sa surface n'était plus que de 350 ha.
Le comte Cavelier de Montgeon lui transmet son nom et y plante des sapins (la sapinière). Ses héritiers mettent la forêt à nouveau en vente en 1886. Elle échoit à un négociant havrais Aimé Ernest Dubosc. La succession Dubosc, en 1902, amène une vente aux enchères par lots. La ville du Havre acquiert les lots 26 et 27; les 28ème et 29ème sont vendus pour de futurs lotissements (Sainte Cécile et Frileuse). L'objectif de la municipalité est d'en faire un parc de loisirs pour les havrais. Après avoir été seigneuriale, puis royale, nationale et privée, la "Forêt des Hallates" maintenant dénommée "Forêt de Montgeon", devient au XXème siècle municipale.
ROLE ECONOMIQUE
Au Moyen-Age, c'était à la fois une réserve de chasse et une réserve de bois. On y puisa largement pour construire la "Ville Françoise" à partir de 1517. Pourtant aux XVIème et XVIIème siècles, malgré les gros besoins en bois pour la construction navale, elle n'est utilisée que pour le bois de chauffage.
En 1783, l'hiver très rude provoque un pillage énorme par la population (40 acres sur 440 disparaissent). Au XIXème siècle, le comte de Montgeon l'exploite avec intensité mais le propriétaire suivant, A.E. Dubosc, la fait clore pour en faire une réserve de chasse, son entrée est interdite au public. Lorsque la Forêt de Montgeon devient municipale, les indigents sont autorisés à y ramasser le bois mort pendant l'hiver. Deux carrières sont ouvertes en 1915 et 1920 pour fournir les cailloux de la voierie municipale (Val Reinette et Bois des Marettes), mais sans succès.
Au XIXème et XXème siècles, elle subira maintes dégradations lors des présences militaires successives de 1870 à 1945.
PRESENCE MILITAIRE
Au Moyen-Age, un groupement de paysans se soulève contre les anglais pendant la Guerre de Cent-Ans et se cache dans la forêt. En 1870-71, on construit des fortins dans la forêt en prévision de l'invasion ennemie (ils ne serviront pas…). Un champ de manœuvres est installé à partir de 1905. 36 hectares sont défrichés. Un champ de courses hippiques est également créé en 1921, il sera également utilisé par les militaires pour les manœuvres.
De 1939 à 1945, la Forêt de Montgeon voit successivement s'installer les Anglais (1939-40), les Allemands (1940-44) puis les Canadiens et les Américains ! En 1945-46, le camp Herbert Tareyton occupe presque toute la forêt. Aux bombardements de la guerre vont s'ajouter les déprédations des militaires : plusieurs dizaines d'hectares vont être déboisés, en totalité ou partiellement.
FORET REFUGE
Comme beaucoup d'autres forêts, celle de Montgeon servira de refuge aux malfaisants ; les désespérés viendront s'y pendre et on rencontre des "bêtes sauvages"…
Au XXème siècle, elle verra venir des marginalisés, des exilés et les sinistrés de la guerre : le camp H. Tareyton est transformé en cité d'accueil. En 1958, on y compte 2950 habitants dont 108 sinistrés seulement ! Le dernier vestige de ce camp disparaîtra en 1982.
FORET DE LOISIRS
Dès son achat en 1902, la municipalité émit le désir de faire de cette forêt de 300 ha un lieu de promenade et de loisirs pour la population du Havre. Un projet ambitieux fut proposé par l'architecte R.E. André, mais faute de moyens il ne fut pas réalisé.
L'hippodrome recommença à fonctionner de 1922 à 1939. En 1910, une colonie de vacances fut installée et s'y développa. Après la guerre, il fallut remettre la forêt en état. En 1964, la municipalité aménagea des structures de loisirs pour la plus grande joie des havrais. Il ne restait que 250 ha après les grignotages successifs subis tout au long de son histoire.
L'ARBORETUM
Créé en 1992, il regroupe plus de 130 arbres, en majorité des conifères, répartis en 4 familles (pinacées, cupressacées, taxacées, gingkoacées), 22 genres, 61 espèces et 106 variétés.
Les essences proviennent d'Europe, d'Amérique du Nord, du Japon, de l'Himalaya, etc...
LE PARC ANIMALIER
Dans plusieurs enclos spécialisés vivent des daims, des ânes, des oiseaux de basse-cour et d'ornement : oies, canards, paons,... Sur les pièces d'eau évoluent cygnes et autres oiseaux aquatiques dont certains se reproduisent sur l'îlot.
LA FAUNE ET LA FLORE
Malgré une fréquentation importante (promeneurs, sportifs...), de nombreuses espèces sauvages sont observées dans la forêt. Pour les mammifères : écureuils, renards, fouines, lapins,... Une quarantaine d'espèces d'oiseaux, hôtes traditionnels de nos forêts: geais, chouettes, pics, sitelles, ...
LES CHAMPIGNONS
Grâce à ses biotopes variés, la Forêt de Montgeon recèle une importante diversité d'espèces de champignons. La Société Linnéenne de Seine-Maritime recense chaque année au moins 150 espèces dont certaines rares ou peu communes. Malgré la présence d'espèces dangereuses (ex : Amanite phalloïde), de nombreux ramasseurs de champignons parcourent la forêt en automne.
LA FORET EN CHIFFRES
· 200 ha de surface boisée
· 35 ha d'espaces-loisirs
· 5 ha de plans d'eau
· 4 ha de terrain de camping
· 2 ha de centre aéré
· 23 ha de terrains de sport et pelouses de jeu
· 120 000 arbres de futaie